Le sol en marbre du hall scintillait sous la lumière matinale lorsqu’une femme en habit de nonne franchit le seuil. Son visage serein contrastait fortement avec son ventre rond et bien visible – une vision si inattendue que le silence se fit instantanément dans la pièce.
Les employés la regardèrent traverser le hall d’un pas assuré, presque surréaliste, portant un petit paquet. Le gardien, visiblement déconcerté, l’escorta jusqu’au bureau du directeur.
Monsieur David, connu pour son calme, leva les yeux – et pâlit en lisant les documents. Le nom inscrit était celui d’une famille disparue depuis longtemps… et d’un coffre-fort dont la clé existait déjà avant même sa prise de fonction.
« C’est un compte très ancien », murmura-t-il, perplexe.

La religieuse déposa une clé en argent ternie sur la table.
« Ce coffre est à moi. J’en suis l’héritière légitime », dit-elle d’une voix douce.
Le directeur hésita, puis osa poser une seule question, presque à voix basse.
La réponse de la jeune femme fut claire, froide, et glaça l’atmosphère.
Le visage de Monsieur David pâlit. Soudain, il se leva d’un bond, renversa sa chaise et sortit précipitamment du bureau. Ses pas résonnèrent dans le couloir et s’éteignirent enfin devant la porte du coffre.
La religieuse resta immobile, fixant la porte close. Son visage était impassible, mais une lueur mystérieuse brillait dans ses yeux.
Quelque chose – ou quelqu’un – l’attendait derrière cette porte.
Le coffre s’ouvrit avec un grincement métallique et ne libéra qu’un seul objet : un journal relié en cuir noir, aux pages jaunies et craquelées par le temps. Monsieur David le ramassa avec précaution et un frisson glacial lui parcourut l’échine. L’air était imprégné d’une odeur ancienne, un mélange de cuir et d’encre séchée.
La religieuse l’observait d’un calme énigmatique.
« Ce journal renferme des vérités que quelqu’un a voulu enfouir », murmura-t-elle. « Il appartient à ceux qui ont le courage de les découvrir. »

En feuilletant les pages, le directeur découvrit un monde caché : des transactions illégales, des alliances secrètes entre familles puissantes, banques et fonctionnaires, des contrats scellés par le silence, des échanges de richesses et des promesses jamais tenues.
Chaque mot portait le poids d’un secret ancestral, révélant un réseau de corruption profondément enraciné.
Monsieur David sentit la tension monter : ce journal n’était pas un simple héritage, c’était une arme. Une arme capable de détruire des vies ou de faire s’écrouler des empires entiers. Les conséquences étaient terribles : le révéler signifiait la catastrophe, le dissimuler, la complicité.
Le silence dans la chambre forte devint pesant. La religieuse s’avança, serrant le journal contre sa poitrine, les yeux brillants d’un éclat mystérieux.
« Chaque page est un choix. La vérité a un prix… et ce prix sera bientôt payé.»
Pour la première fois, Monsieur David comprit que ce livre pouvait changer le destin de tous ceux qui avaient cru que leurs secrets resteraient à jamais enfouis.







